- ROIS (LIVRES DES)
- ROIS (LIVRES DES)ROIS LIVRES DESDans la Bible, les deux livres des Rois font suite aux deux livres de Samuel. Ils rapportent l’histoire des rois de Juda et d’Israël de la mort de David (\ROIS (LIVRES DES) 970) à la ruine de Jérusalem (\ROIS (LIVRES DES) 586) et ils doivent leur titre à ce contenu. Dans la Bible hébraïque, qui reflète la disposition primitive, ils ne formaient qu’un seul livre. La division artificielle en deux tomes, comme celle des livres de Samuel, est due à la version des Septante, qui, suivie par la Vulgate, distingue Règnes I et II (soit I et II Samuel) et Règnes III et IV (soit I et II Rois).L’ouvrage se divise en trois parties: I Rois, I-XI; I Rois, XII-II Rois, XVII; II Rois, XVIII-XXV.La première partie retrace l’histoire de Salomon: intrigues qui favorisèrent la succession de Salomon au trône de David, célébration de la magnificence de son règne (la sagesse du roi, ses constructions, particulièrement celle du Temple de Jérusalem, la richesse qu’il tient des relations commerciales avec l’étranger), les ombres du règne (attaques de l’extérieur et révolte intérieure de Jéroboam).La deuxième partie décrit le schisme et l’apparition des deux royaumes. Après la mort de Salomon, les tribus du Nord se constituent en royaume séparé, avec Jéroboam comme roi, Roboam devenant le roi de Juda, royaume du Sud; le schisme politique est accompagné d’un schisme religieux. L’ouvrage donne des notices alternées sur chacun des rois du Nord et du Sud, selon un classement chronologique. À partir de I Rois, XVII est inséré le cycle d’Élie, puis le cycle d’Élisée, qui consistent en des récits composites (surtout ceux d’Élisée, anthologie populaire où le merveilleux domine) et interrompus par deux récits de guerres araméennes. L’auteur fait un résumé des règnes de Juda (Sud) et d’Israël (Nord) jusqu’à la prise de Samarie par les Assyriens (\ROIS (LIVRES DES) 721) et livre ses réflexions sur les infidélités morales et religieuses mentionnées dans l’ouvrage.La troisième partie se rapporte à l’histoire de Juda jusqu’à l’Exil. L’auteur manifeste un grand intérêt pour le règne d’Ézéchias, fidèle à Yahvé et en relation avec Isaïe. Il évoque le regain de l’impiété sous Manassé et Amon, ainsi que la réforme religieuse de Josias, les malheurs des rois suivants et la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor. Des appendices (II Rois, XXV, 22-30) mentionnent l’assassinat du gouverneur installé en Juda par l’occupant et la grâce accordée à Jojakin, le roi prisonnier.Au-delà des apparences d’une compilation généreuse qu’accentue l’enchaînement des diverses biographies royales, on perçoit dans cette œuvre la forte unité d’un cadre rigoureux, littéraire et doctrinal. Celles-là suivent un schéma uniforme et sont toujours présentées sous un aspect religieux. En des formules stéréotypées un jugement est porté sur la conduite du roi concerné: ainsi, tous les rois d’Israël sont-ils condamnés; huit des rois de Juda sont loués (la plupart, non sans réserves) pour leur fidélité yahviste, et deux seulement, Ézéchias et Josias, ne recueillent que des louanges. Ces jugements sont commandés par la loi de l’unité de sanctuaire et par l’intransigeance à l’égard de toute idolâtrie qui sont contenues dans le Deutéronome (désigné par la formule «Loi de Moïse»: I Rois, II, 3, et II Rois, XIV, 6). C’est, en effet, le Deutéronome que Josias avait découvert au Temple et mis en application dans sa réforme (événement qui fait l’objet d’un récit détaillé: II Rois, XXII-XXIII). Le caractère deutéronomiste des livres des Rois est manifeste et leur composition ne peut être séparée de la grande histoire deutéronomiste: ils sont l’œuvre d’une école plus que d’un seul homme, commencée avant \ROIS (LIVRES DES) 587 pour se poursuivre bien plus tard. Plusieurs éditions (deux ou trois) se sont probablement succédé depuis le règne de Josias jusqu’au milieu de l’Exil. Des retouches mineures intervinrent ensuite, certaines sacerdotales, d’autres postérieures même à la traduction des Septante. L’œuvre renvoie à plusieurs sources antérieures, auxquelles elle fait référence: une histoire de Salomon, les annales des rois d’Israël et les annales des rois de Juda, les traditions sous-jacentes aux cycles d’Élie et d’Élisée et une description du Temple (I Rois, VI-VII) d’origine sacerdotale (sans doute une notice sur la construction de l’édifice, conservée dans le sanctuaire).Notons encore que I Rois, I-II est la finale de l’histoire familiale de David, qui débute en II Samuel, IX, et que dans l’histoire d’Ézéchias, où la personne d’Isaïe joue un rôle important, le passage II Rois, XVIII, 13-XX, 19, sans doute d’un disciple du prophète, équivaut à Isaïe, XXXVI-XXXIX.L’intention du Livre des Rois est entièrement religieuse. Le fait que l’auteur renvoie régulièrement à ses sources pour que l’on complète ses informations le dit suffisamment. En fait, il veut situer chacun des rois selon son attitude envers la religion yahviste, et particulièrement envers le culte centralisé. Tout s’articule dans son récit autour d’un unique pôle, le Temple de Jérusalem, bâti par Salomon et restauré bien plus tard par Josias, seul centre cultuel légitime en Israël. Néanmoins, à travers une collection de renseignements fragmentaires, la valeur historique de l’œuvre demeure: les sources sont bonnes; de plus, certains passages concordent avec des documents profanes, telle l’inscription de Mésha, roi de Moab.
Encyclopédie Universelle. 2012.